Contamination en microplastiques dans le Rhône : selon une étude de l'ENTPE, une réduction siginificative est à noter
Le 26/03/2024Dans une étude récemment publiée dans la revue Environmental Pollution, une équipe de recherche interdisciplinaire de l’ENTPE a montré une amélioration notable des niveaux de contamination en microplastiques en aval de Lyon au cours des deux dernières décennies. Même si les niveaux de contamination reste élevés, ces évolutions sont en grande partie attribuables au renforcement des systèmes de traitement des effluents urbains et industriels à l’échelle de la Métropole de Lyon.
Le sujet préoccupant de la contamination par les microplastiques des cours d'eau est apparu relativement récemment dans l’espace public. Pourtant, les plastiques font partie de notre quotidien depuis plusieurs décennies, avec une demande en constante augmentation depuis les années 1960. Les premières alertes concernant les pollutions plastiques remontent déjà aux années 1970-1980, soulignant ainsi l'importance d'une perspective historique sur cette question environnementale majeure.
/// Retracer les tendances des microplastiques sur plusieurs décennies
Dans le cadre du projet ANR Sedi-PLAST « Microplastiques dans les sédiments continentaux et les archives sédimentaires » piloté par l’Université Gustave Eiffel, différents laboratoires de recherche nationaux ont analysé des carottes de sédiments sur trois fleuves, la Seine, la Loire et le Rhône, pour retracer l’évolution des microplastiques depuis les années 1980. Concernant le Rhône, les résultats de cette étude ont révélé une diminution significative des niveaux de contamination, notamment depuis 2000 pour les sources industrielles et 2010 pour les sources urbaines.
/// Un premier exemple de découplage entre la consommation et la pollution plastique
Cette étude révèle ainsi un premier exemple de découplage entre la demande en polymère et la pollution plastique, contrairement aux tendances mondiales qui montrent une corrélation croissante entre ces deux phénomènes. Il apparait ainsi que les importants travaux de modernisation de l’industrie plasturgique locale et des infrastructures d'assainissement urbain semblent avoir joué un rôle déterminant dans l’évolution positive des pollutions en microplastiques. Ainsi la mise en conformité avec les règlementations en matière de traitement des effluents s’est traduite par une amélioration significative des rejets en microplastiques dans le fleuve.
/// Des mesures spécifiques pour limiter les pollutions en microplastiques
Cependant, malgré ces progrès, les niveaux de contamination en microplastiques restent élevés, contribuant à la constitution d'un stock important de microplastiques piégés dans les sédiments du Rhône. Il est estimé que près d'une tonne par hectare s’est accumulée dans les zones de sédimentation du Rhône, en aval de Lyon, au cours des quatre dernières décennies. Face à la perspective d'une augmentation considérable de l'utilisation des plastiques à l'échelle mondiale, avec des projections dépassant les 5 millions de tonnes par an d'ici 2060 selon l’OCDE, des mesures s’imposent pour limiter ces pollutions.
L'analyse des carottes sédimentaires du Rhône souligne l'efficacité de l'amélioration du traitement des effluents industriels et urbains pour réduire significativement les contaminations en microplastiques. De plus, les nouvelles réglementations européennes visant à interdire progressivement les produits contenant intentionnellement des microplastiques et à limiter les rejets accidentels en granulés plastiques vont dans le bon sens. Cependant, des mesures plus ambitieuses sont nécessaires pour réduire à la source les microplastiques et mettre en place des filières de traitement spécifiques.
CONTACTBrice MOURIER, chercheur |